18 01 1862 - Reconnaissance des apparitions de la Vierge Marie à Bernadette
La commission d'enquête
L'abbé Pomian déclarait : « La meilleure preuve de l'apparition, c'est Bernadette elle-même. » Il exprimait ainsi un sentiment qui avait aussi été celui de Louis Veuillot, des évêques de Soissons ou de Montpellier et d'un grand nombre de ceux qui sont allés à Lourdes et y ont rencontré Bernadette avant de se prononcer en faveur des apparitions.
Bertrand-Sévère Laurence, l'évêque de Tarbes, rencontra Bernadette pour la première fois le 5 février 1860, soit environ deux ans après les apparitions, et il n'a laissé dans ses notes où il signale cette entrevue, aucune remarque ou impression sur celle qu'il avait rencontrée. Dans l'ordonnance du 28 juillet 1858 qu'il avait rédigée pour établir une commission d'enquête, il distinguait trois types de personnes : celles qui estimaient a priori qu'il ne pouvait pas y avoir de faits surnaturels ou de miracle, celles qui suspendaient leur jugement, et celles qui se déclaraient d'ores et déjà convaincues de la surnaturalité des faits et qui espéraient un avis favorable de l'évêque.
Incitant ces derniers à s'en remettre au jugement de l'Église « quel qu'il soit », l'évêque orientait les futurs travaux de la commission sur le problème de la constatation de « faits surnaturels ». Il s'agissait selon Monseigneur Jacques Perrier (évêque du diocèse de Tarbes et Lourdes de 1998 à 2012) de « vérifier la santé mentale de Bernadette, la permanence de l'impact spirituel des apparitions et la solidité des guérisons ».
Les travaux de la commission d'enquête vont durer trois ans et demi. Bertrand-Sévère Laurence laisse passer « l’effervescence des premiers jours », il laisse les esprits de calmer, et prend le temps de la réflexion. Il fait interroger (longuement) Bernadette par des théologiens, puis l'interroge lui-même personnellement. Il la fait également examiner par des médecins. La commission se réunit à partir du mois d'août 1858, l'enquête est menée sur les guérisons et les discernements. Les travaux de la commission sont préparés par le chanoine Baradère et confiés au professeur agrégé Vergès. Sept guérisons sont étudiées et classées comme probantes, et inexplicables dans l'état de la science de l'époque.
La reconnaissance des apparitions
À la suite du rapport de la commission d'enquête, le 18 janvier 1862, l'évêque de Tarbes publie un mandement : « Nous jugeons que l'Immaculée Marie, Mère de Dieu, est réellement apparue à Bernadette Soubirous, le 11 février 1858 et les jours suivants, au nombre de dix-huit fois, dans la grotte de Massabielle, près de la ville de Lourdes ; que cette apparition revêt tous les caractères de la vérité, et que les fidèles sont fondés à la croire certaine. Nous soumettons humblement notre jugement au Jugement du Souverain Pontife, qui est chargé de gouverner l'Église universelle. » Dans le même texte, Bertrand-Sévère Laurence explique sa décision. Il estime que jamais durant l'enquête Bernadette n'a cherché à le tromper, il juge son récit cohérent : « Notre conviction s’est formée sur le témoignage de Bernadette, mais surtout d’après les faits qui se sont produits et qui ne peuvent être expliqués que par une intervention divine. » Il détaille alors les « faits merveilleux » survenus à Lourdes depuis la première apparition, produits par une apparition « surnaturelle et divine ».
Les attendus de ce mandement entérinent l'idée selon laquelle la constatation de la probité de Bernadette était importante, mais que c'est « surtout » la constatation de fait « qui ne s'explique que par une intervention divine » qui justifie la reconnaissance de ces apparitions par l'évêque. Les apparitions à Bernadette ne sont pas oubliées, mais ce sont désormais les miracles et les guérisons qui sont placés au centre du pèlerinage. La décision de l'évêque permet aussi de répondre aux deux demandes formulées au cours des apparitions : la procession et la chapelle. L'abbé Peyramale est chargé de mettre en place une infrastructure pour des pèlerinages officiels, et de lancer la construction de ce qui deviendra la basilique de l'Immaculée-Conception.