Bernadette à Nevers (1866-1879)
La vie de l'Hospitalité de Touraine est partagée ici, avec ses pèlerin(e)s malades, handicapé(e)s ou âgé(e)s et ses hospitalier(e)s jeunes et adultes.
Pour mettre fin à ce tumulte, l’idée que Bernadette pourrait vivre à l'hospice de Lourdes tenu par les sœurs est née dès l'automne 1858. Au printemps 1860, avec l'augmentation saisonnière du nombre de visiteurs, l'entrée de Bernadette obéissante en pension à l'hospice des sœurs de la Charité se décide. L'hospice est un lieu d'accueil des malades en même temps qu'une école. Bernadette y est admise gratuitement comme malade indigente en raison de sa santé fragile tandis que tous les aménagements nécessaires à la poursuite de son éducation scolaire et ménagère pourront être pris au sein de cette institution.
Quatre des six premiers clichés de Bernadette Soubirous pris par l'abbé P. Bernadou en 1861 ou 1862.
Le miracle du cierge.
Au début d'avril, après un temps où les Soubirous se sont faits aussi discrets que possible, des bruits commencent à courir selon lesquels Bernadette se rendra prochainement à la grotte. Le , 300 personnes l'y attendent, mais Bernadette n'y vient pas. Même chose le . Ce jour-là, Bernadette se rend avec sa famille au village d'Adé, à l’invitation de l'ancien Maire, Blaise Verger dit « Blazy », qui s'était senti soulagé de ses rhumatismes par l'eau glaciale de Massabielle. Bernadette désirait se rendre à la grotte mais elle ne pouvait pas échapper à la surveillance dont elle était l'objet à Lourdes. Le fils de Blaise Verger propose alors de l'amener à la grotte depuis Adé le lendemain matin. Le mercredi , Bernadette est agenouillée à Massabielle où une centaine de personnes sont présentes.
Blazy a fourni à Bernadette un gros cierge dont elle pose la base à terre tandis qu'elle joint les mains à son sommet pour en protéger la flamme. Ce cierge sera le centre de toutes les attentions. En cours d'apparition, le docteur Dozous constate que la flamme du cierge lèche sa main sans la brûler. Il se convertira ce jour-là aux apparitions, faisant grand cas et grand bruit de cette affaire de mains et de flamme : « Miracle pour certains, hallucination pour d'autres ou encore phénomène naturel explicable, ce mince évènement devint l'un des aspects les plus contestés des visions. »
L'affaire du cierge a éclipsé toute autre considération sur cette dix-septième apparition. Dans ses témoignages, Bernadette évoque une conversation dont elle ne donne pas la teneur si ce n'est qu'elle répète qu’ « Elle veut toujours sa chapelle. »
Le baron Oscar Massy, préfet de Tarbes, est au fait de ce qui se passe à Lourdes depuis le mois de février par les nombreux rapports qu'il reçoit sur le sujet. Il craint que ce « fatras de superstitions » ne déconsidère la « vraie » religion.
Sa première initiative dans cette affaire est de demander à trois médecins d'examiner Bernadette en vue d'établir un certificat pour son internement comme malade mentale. Le 27 mars, les médecins examinent Bernadette, constatent son asthme et cherchent une maladie nerveuse ou psychique pour répondre à la question du préfet : « Cette enfant est-elle sous le coup d'une maladie mentale ? Y a-t-il nécessité de la faire traiter ? »
La réponse sur laquelle les médecins mettront quatre jours à s'accorder est extrêmement embarrassée. Ils y inventent la notion de « maladie » qui « ne peut faire courir aucun risque à la santé. » Et ils estiment qu'il n'est pas indispensable d'envisager de la traiter : « Il est vraisemblable, au contraire, que, lorsque Bernadette ne sera plus harcelée par la foule, qu'on ne lui demandera plus des prières, elle cessera de songer à la grotte et aux choses merveilleuses qu'elle raconte ».
Pour René Laurentin les embarras de la réponse des médecins relèvent de la diplomatie : il s'agit d'une part de ne pas aller contre l'hypothèse du préfet, pour qui Bernadette est indubitablement atteinte d'une maladie mentale, tout en recommandant d'ajourner un internement qui ne se justifiait pas à leurs yeux.
La famille Soubirous bascule dans la misère. Durant l’hiver 1857, François, le père, est confronté au chômage et la famille est obligée de s’installer au Cachot, l’ancienne prison jusqu’en 1824, une pièce unique, sombre et froide de 16m² où logera l’ensemble de la famille jusqu’à l’automne 1858.
"Pénitence !"
Près de trois cents personnes sont présentes devant la grotte. Durant l'apparition, Bernadette s'approche de la crevasse intérieure qui communique avec la cavité dans laquelle se tient ce qu'elle voit. Elle est en extase et semble converser avec quelqu'un qui se tiendrait dans le creux du rocher sans que personne n'entende un mot. Elle fait des signes d'approbation et de dénégations. Jacquette Pène témoigne : « Les yeux encore mouillés de larmes, elle éclate en rire d'une grande suavité. » Bernadette se prosterne ensuite visage contre terre.
Sa tante Lucile qui se tient à côté d'elle pousse alors un cri et s'effondre. Bernadette s’interrompt et se tourne vers sa tante pour lui dire : « Ma tante, n'aï pa peno. » façon de lui dire que rien ne justifie de se mettre dans un pareil état. L'apparition est terminée. Sur le chemin du retour, elle ose demander à sa tante de ne plus revenir pour les prochaines apparitions.
De retour à Lourdes, elle apprend que l'abbé Pène, un vicaire de la paroisse, veut la rencontrer. Elle lui raconte l'apparition. Aqueró lui aurait dit : « Pénitence ! Priez Dieu pour les pécheurs. Allez baiser la terre en pénitence pour les pécheurs », ce que faisait Bernadette au moment où elle fut interrompue par sa tante. Les témoignages sur la journée du rapportent aussi le regard de tristesse de Bernadette, elle-même disant que l'apparition avait un visage triste lorsqu'elle demandait de prier pour les pécheurs.
Dans ses réponses aux questions sur les apparitions, il devient clair que, pour Bernadette, il y a des choses qu'elle peut raconter ou répéter, celles qui lui semblent avoir été dites à haute voix pour que tout le monde entende, et d'autres qui lui sont confiées de façon plus intime, de sorte que cela peut rester entre elles deux.
Ses parents interdisent à Bernadette de retourner à la grotte de Massabielle. Elle insiste, ils cèdent. Bernadette revient à la grotte en compagnie d'une douzaine d'amies de son âgeR 9. Sur place, elle récite le chapeletV 3 et voit apparaître la jeune fille en blanc.
Comme la fois précédente, elle est seule à la voir. Pour s'assurer qu'il ne s'agit pas d'une créature du diable, elle lui lance de l'eau bénite. AqueróN 12 sourit, incline la tête2,R 9.
Bernadette a une extase et ses camarades appellent à l'aide le meunier Nicolas. Celui-ci essaie de porter Bernadette, toujours en extase, jusqu'à son moulin proche, mais il n'y parvient qu'à grand peine. Bernadette sort alors de son extase18.
Pourquoi la Fête de Notre-Dame de Lourdes est-elle la Journée Mondiale du Malade ?
C’est le pape Jean-Paul II qui a souhaité en 1993 instaurer la Journée Mondiale du Malade le jour de la fête de Notre-Dame de Lourdes. Certaines personnes ont tenté de le dissuader de choisir le 11 février : « Dans l’hémisphère nord, il fait trop froid ! Dans l’hémisphère sud, il fait trop chaud ! ».
Mais impossible de le faire renoncer tellement Jean-Paul II avait à l’esprit la place de Lourdes dans le cœur de très nombreux malades ; l’accueil et le service qui leur sont réservés ; le réconfort et la paix que chacun trouve à la Grotte où Marie s’est présentée comme l’Immaculée Conception, c’est-à-dire la concordance parfaite entre le corps et l’âme.
Mais le 11 février est également le jour de la première apparition de la Vierge à Bernadette Soubirous.