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bernadette et la grotte

Bernadette Soubirous entre 1858 et 1866

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Après les apparitions et jusqu'en juin 1860, Bernadette vit dans sa famille qui a quitté le "cachot" pour vivre dans une pièce plus grande de la maison Deluc. Peu après, l'abbé Peyramale se porte caution et François Soubirous peut louer le moulin Gras et reprendre son métier de meunier.
Bernadette garde des enfants et tente de combler son retard scolaire ; à la maison, elle s’occupe des tâches ménagères. Enfin, elle répond aux innombrables questions des visiteurs sur les apparitions, même lorsqu'elle est malade et alitée.
Un an après les apparitions, environ 30 000 personnes passent à Lourdes ; la plupart veulent rencontrer Bernadette qui fait l'objet d'un culte populaire. Elle doit souvent faire face à d'embarrassantes effusions affectives, à des pressions pour obtenir des mèches de cheveux, un chapelet, des fils de ses vêtements... ou parfois, à de l'agressivité.
Bernadette Soubirous entre 1858 et 1866

Pour mettre fin à ce tumulte, l’idée que Bernadette pourrait vivre à l'hospice de Lourdes tenu par les sœurs est née dès l'automne 1858. Au printemps 1860, avec l'augmentation saisonnière du nombre de visiteurs, l'entrée de Bernadette obéissante en pension à l'hospice des sœurs de la Charité se décide. L'hospice est un lieu d'accueil des malades en même temps qu'une école. Bernadette y est admise gratuitement comme malade indigente en raison de sa santé fragile tandis que tous les aménagements nécessaires à la poursuite de son éducation scolaire et ménagère pourront être pris au sein de cette institution.

Quatre des six premiers clichés de Bernadette Soubirous pris par l'abbé P. Bernadou en 1861 ou 1862.

Quatre des six premiers clichés de Bernadette Soubirous pris par l'abbé P. Bernadou en 1861 ou 1862.

Peu après l'entrée de Bernadette à l'hospice, l'abbé Bernadou réalise les premiers clichés. Il le fait sans aucune intention commerciale, avec le souhait de fixer l'extase de Bernadette.
Bernadette Soubirous entre 1858 et 1866
Désormais, pour voir la voyante, il est nécessaire d’en faire la demande au presbytère et Bernadette ne peut plus sortir de l'hospice sans l'accord du curé ; elle peut ainsi librement visiter ses parents mais toujours accompagnée d'une sœur.
A l'hospice, Bernadette se joint aux filles de familles modestes. Elle progresse vite en lecture et en écriture et apprend le français. Elle est douée pour la couture et la broderie. Sa piété est irréprochable bien qu'elle ne fasse pas preuve d'un zèle particulier à cet égard. Elle semble heureuse et les sœurs en sont contentes.
En 1863, Bernadette a passé l'âge d'être en classe, elle n'envisage rien d'autre que de rester là, à faire des travaux ménagers ou à soigner les malades de l'hospice, ce qui est impossible si elle ne devient pas elle-même religieuse. En fait Bernadette cherche sa vocation religieuse, mais n'a encore rien décidé...

18 01 1862 - Reconnaissance des apparitions de la Vierge Marie à Bernadette

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18 01 1862 - Reconnaissance des apparitions de la Vierge Marie à Bernadette
La commission d'enquête
L'abbé Pomian déclarait : « La meilleure preuve de l'apparition, c'est Bernadette elle-même. » Il exprimait ainsi un sentiment qui avait aussi été celui de Louis Veuillot, des évêques de Soissons ou de Montpellier et d'un grand nombre de ceux qui sont allés à Lourdes et y ont rencontré Bernadette avant de se prononcer en faveur des apparitions.
Bertrand-Sévère Laurence, l'évêque de Tarbes, rencontra Bernadette pour la première fois le 5 février 1860, soit environ deux ans après les apparitions, et il n'a laissé dans ses notes où il signale cette entrevue, aucune remarque ou impression sur celle qu'il avait rencontrée. Dans l'ordonnance du 28 juillet 1858 qu'il avait rédigée pour établir une commission d'enquête, il distinguait trois types de personnes : celles qui estimaient a priori qu'il ne pouvait pas y avoir de faits surnaturels ou de miracle, celles qui suspendaient leur jugement, et celles qui se déclaraient d'ores et déjà convaincues de la surnaturalité des faits et qui espéraient un avis favorable de l'évêque.
Incitant ces derniers à s'en remettre au jugement de l'Église « quel qu'il soit », l'évêque orientait les futurs travaux de la commission sur le problème de la constatation de « faits surnaturels ». Il s'agissait selon Monseigneur Jacques Perrier (évêque du diocèse de Tarbes et Lourdes de 1998 à 2012) de « vérifier la santé mentale de Bernadette, la permanence de l'impact spirituel des apparitions et la solidité des guérisons ».
Les travaux de la commission d'enquête vont durer trois ans et demi. Bertrand-Sévère Laurence laisse passer « l’effervescence des premiers jours », il laisse les esprits de calmer, et prend le temps de la réflexion. Il fait interroger (longuement) Bernadette par des théologiens, puis l'interroge lui-même personnellement. Il la fait également examiner par des médecins. La commission se réunit à partir du mois d'août 1858, l'enquête est menée sur les guérisons et les discernements. Les travaux de la commission sont préparés par le chanoine Baradère et confiés au professeur agrégé Vergès. Sept guérisons sont étudiées et classées comme probantes, et inexplicables dans l'état de la science de l'époque.
18 01 1862 - Reconnaissance des apparitions de la Vierge Marie à Bernadette
La reconnaissance des apparitions
À la suite du rapport de la commission d'enquête, le 18 janvier 1862, l'évêque de Tarbes publie un mandement : « Nous jugeons que l'Immaculée Marie, Mère de Dieu, est réellement apparue à Bernadette Soubirous, le 11 février 1858 et les jours suivants, au nombre de dix-huit fois, dans la grotte de Massabielle, près de la ville de Lourdes ; que cette apparition revêt tous les caractères de la vérité, et que les fidèles sont fondés à la croire certaine. Nous soumettons humblement notre jugement au Jugement du Souverain Pontife, qui est chargé de gouverner l'Église universelle. » Dans le même texte, Bertrand-Sévère Laurence explique sa décision. Il estime que jamais durant l'enquête Bernadette n'a cherché à le tromper, il juge son récit cohérent : « Notre conviction s’est formée sur le témoignage de Bernadette, mais surtout d’après les faits qui se sont produits et qui ne peuvent être expliqués que par une intervention divine. » Il détaille alors les « faits merveilleux » survenus à Lourdes depuis la première apparition, produits par une apparition « surnaturelle et divine ».
Les attendus de ce mandement entérinent l'idée selon laquelle la constatation de la probité de Bernadette était importante, mais que c'est « surtout » la constatation de fait « qui ne s'explique que par une intervention divine » qui justifie la reconnaissance de ces apparitions par l'évêque. Les apparitions à Bernadette ne sont pas oubliées, mais ce sont désormais les miracles et les guérisons qui sont placés au centre du pèlerinage. La décision de l'évêque permet aussi de répondre aux deux demandes formulées au cours des apparitions : la procession et la chapelle. L'abbé Peyramale est chargé de mettre en place une infrastructure pour des pèlerinages officiels, et de lancer la construction de ce qui deviendra la basilique de l'Immaculée-Conception.

Septembre 1858 - Spiritualité et politique

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Septembre 1858 - Spiritualité et politique
Le 9 septembre 1858, le bruit court à Lourdes que l'empereur Napoléon III a envoyé un télégramme de Biarritz, demandant de rouvrir le sanctuaire. La visite à la grotte du comte de Tascher, un cousin de l'empereur, ne fait qu'attiser la rumeur. Le 18 septembre, la grotte ouvre brièvement, puis est à nouveau fermée. Le 24 septembre, Achille Fould, ministre d'État, arrive à Lourdes. Les autorités locales en déduisent que la grotte ne constitue pas une menace aux yeux de l'empereur. Le 5 octobre, elles donnent l'ordre de la rouvrir définitivement.
Il a été affirmé, dans les biographies de Bernadette Soubirous, que Napoléon III avait finalement ordonné au préfet Massy de faire libérer l'accès à la grotte sous la pression de l'impératrice Eugénie. Des bruits ont aussi couru sur la guérison miraculeuse de l'unique fils de l'empereur grâce à une herbe cueillie par Madame Bruat lors de sa visite à la grotte. Il est certain que Louis Napoléon, alors âgé de deux ans, n'est pas mort en 1858, mais rien n'atteste non plus qu'il ait été en péril de mort ou même seulement malade à ce moment-là. La présence de personnes de l'entourage de la famille impériale à Lourdes au moment où l'accès à la grotte était entravé d'une barricade est un fait, mais la raison pour laquelle Napoléon III a donné l'ordre de l'enlever semble liée à des considérations plus stratégiques et politiques.
Paul-Armand Cardon de Garsignies, l'évêque de Soissons qui, au mois de juillet avait poussé l'évêque de Tarbes à mettre en place la commission d'enquête, s'est rendu ensuite à Biarritz où le couple impérial passait ses vacances. Napoléon III souhaitait ménager les catholiques français, parce qu'il voulait désengager les troupes françaises qui protégeaient l'État pontifical et s'engager militairement au côté de Cavour. L'État Pontifical était alors réduit à la seule ville de Rome et n'avait aucun moyen de résister à la poussée des partisans de l'unité italienne sans le soutien de l'armée française. Le retrait des troupes françaises signifiait donc automatiquement la fin de l'État pontifical, et peut-être celle de la papauté. En demandant à l'Empereur qu'il fasse lever l'interdiction qui pesait sur la grotte, Garsignies offrait à Napoléon III l'occasion de faire un geste favorable envers les catholiques : Lourdes contre Rome !
Concernant les autorités locales, l’évêque Bertrand-Sévère Laurence était brouillé avec le préfet Massy depuis que celui-ci avait permis la construction d'une écurie à Tarbes sur le site d'un sanctuaire catholique confisqué et détruit pendant la Révolution. Il n'y a ainsi eu aucune concertation entre l'évêque et le préfet sur l'affaire de Lourdes, l'un et l'autre ayant suivi leur propre voie sans s'accorder, mais sans s'opposer non plus. En appliquant les consignes du ministère des Cultes, le préfet avait été amené à s'enfermer de façon de plus en plus rigide dans une attitude de rejet, tandis que l'évêque était resté sur la réserve en établissant une procédure d'enquête qui lui permettait de différer autant que nécessaire le moment où il aurait à se prononcer. Durant le deuxième semestre de l'année 1858, des divergences de vue entre le ministre de l'Intérieur et le ministre du Culte avaient ajouté à la confusion. Nul ne savait plus quelle était la position officielle du préfet, du ministre ou de l'empereur au sujet de la grotte.
Au moment où Napoléon III intervient pour faire lever l'interdiction en vigueur jusque-là, le préfet est, de fait, désavoué. Dès lors, l'évêque est la seule autorité en situation de donner un avis officiel. L'affaire voit ainsi, plus de quarante ans avant la loi de séparation entre l'Église et l'État, le pouvoir civil abandonner ses prérogatives aux autorités religieuses sur une question religieuse.
Déconsidéré dans son département, le préfet de Tarbes Oscar Massy est déplacé à Grenoble où il meurt quelques mois plus tard. Il emporte avec lui tous les documents qui permettraient de savoir comment il a géré cette affaire. Ces archives resteront inconnues jusqu'à ce que René Laurentin les retrouve un siècle plus tard.
Le commissaire Jacomet est lui aussi muté, avec une promotion. Il va en Avignon où il poursuit sa carrière et s'illustre par ses compétences. L'empereur dont la politique protégeait les possédants de toute explosion sociale, a laissé des fonctionnaires tels que le préfet endosser l'impopularité, tout en prenant soin de se façonner une image de protecteur des humbles. La réouverture de la grotte est l'aboutissement d'une coïncidence d'intérêts entre les Lourdais, un nouvel électorat catholique et la politique régionale de l'empereur.
Au plan national, l'alliance entre les Lourdais et l'élite parisienne signifie que le monde pyrénéen, riche de son histoire, imprime sa marque spirituelle et politique sur le reste du pays.

Juillet 1858 - Visites de personnalités à Lourdes

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Juillet 1858 - Visites de personnalités à Lourdes
Durant l'été, saison à laquelle les stations thermales des Pyrénées sont fréquentées par une clientèle aisée, Lourdes reçoit la visite de nombreuses personnalités qui font un petit détour pour voir la grotte et Bernadette. Le 17 juillet, Charles-Thomas Thibault, évêque de Montpellier, décide de s'arrêter à Lourdes en revenant de Cauterets. Ce prélat parle occitan et n'a ainsi aucune difficulté à communiquer avec Bernadette. Elle l'appelle « Monsieur le curé », c'est la première fois qu'elle rencontre un évêque. Au terme d'un entretien au cours duquel l'évêque s'est pris de sympathie pour Bernadette, il veut lui offrir quelque chose et lui donne son chapelet, un chapelet précieux à monture d'or. Bernadette le refuse tout en trouvant les mots pour ne pas l'offenser. Deux heures à peine après être arrivé à Lourdes, Charles-Thomas Thibault décide de se rendre à Tarbes pour y rencontrer l'évêque Bertrand-Sévère Laurence et lui parler de Bernadette.
Le 20 juillet c'est au tour de Paul-Armand Cardon de Garsignies, l'évêque de Soissons de venir à Lourdes. Comme l'évêque de Montpellier, il décide, à la suite de sa rencontre avec Bernadette, de se rendre immédiatement à Tarbes pour pousser l'évêque de Tarbes, Bertrand-Sévère Laurence, à « faire quelque chose ». Les deux évêques vont ensuite ensemble consulter l'archevêque d'Auch, Antoine de Salinis, qui était alors en repos à Bagnères-de-Bigorre. Sur place ils sont rejoints par la plume la plus influente de la presse catholique française : Louis Veuillot, rédacteur du quotidien ultramontain L'Univers, qui vient de passer à Lourdes pour y prendre des contacts et des renseignements. Le 22 juillet, les trois évêques et le journaliste quittent ensemble Bagnères pour aller tenir conseil à Tarbes.
Le 28 juillet fut une journée décisive. Alors que l'évêque de Tarbes signait une « Ordonnance constitutive d'une commission d'enquête sur les apparitions », Louis Veuillot retourne à Lourdes, déjà très informé des tenants et aboutissants de l'affaire. Cette fois il veut rencontrer Bernadette. Veuillot, journaliste et écrivain très célèbre à l'époque, est suivi par de nombreux admirateurs. Il organise une réunion publique au cours de laquelle il interroge Bernadette, l'abbé Pomian faisant l'interprète. Au terme de l'entretien, lorsque Bernadette a pris congé, Veuillot déclare : « C'est une ignorante. Mais elle vaut mieux que moi. Je suis un misérable. ». Veuillot publie dans L'Univers, en première page et sur cinq colonnes, une relation détaillée des apparitions de Lourdes, assurant ainsi une notoriété internationale à ces évènements. Des journaux du monde entier publient des articles sur les événements de Lourdes.
Le 28 juillet, Louis Veuillot s'est aussi rendu à la grotte. Devant la barrière il s'exclame : « On veut donc empêcher les gens de prier le Bon Dieu, ici ! ». Il n'est pas la seule personnalité à venir y prier ce jour-là. Parmi celles présentes à Lourdes, se trouve une dame de la cour, la veuve de l'Amiral Bruat, Caroline Félicité Peytavin d'Aulx, alors gouvernante du fils unique du couple impérial. Il est difficile pour un fonctionnaire de police locale de dresser un procès-verbal à de telles personnalités. Ainsi Pierre Callet le garde-champêtre se contente de relever les noms. Après avoir écrit sur son carnet : « La Mirale Bruat, Gouverneuze des enfants de France », il l'accompagne aimablement à la grotte, puis il va raconter ses aventures au maire. Le maire consulte alors le préfet pour lui demander ce qu'il faut faire en pareil cas. Le préfet répond qu'il ne faut surtout pas engager de poursuites. Le maire lui fait alors savoir qu'il a bien compris que les ordres étaient de ne pas appliquer la loi avec la même rigueur pour tous.
Depuis les acquittements du 15 juillet, les procès-verbaux ne donnent plus lieu à aucune poursuite, mais, dans la mesure du possible, ils continuent à être établis pour leur rôle dissuasif.

16 juillet 1858 - 18ème et dernière apparition de la Vierge à Bernadette

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16 juillet 1858 - 18ème et dernière apparition de la Vierge à Bernadette
Lorsque le préfet Oscar Massy avait fait enlever les objets de culte de la grotte, il agissait au motif que leur présence relevait de l'établissement illégal d'un lieu de culte. Le commissaire Jacomet se rendait depuis régulièrement à la grotte pour y ramasser les images, les cierges et les chapelets y revenant sans cesse. Le 7 juin, un ordre de la préfecture parvient à la Mairie de Lourdes : il faut interdire l'accès à la grotte. Le Maire exécute cet ordre en rédigeant un arrêté prescrivant la fermeture de la grotte. Le 15 juin des barrières sont installées devant la grotte. Ceux qui avaient été réquisitionnés par le commissaire pour les installer retournent de nuit à Massabielle pour jeter poutres et planches dans le Gave. Reconstruite le 28 juin, cette barrière est à nouveau démolie dans la nuit du 4 au 5 juillet puis rétablie le 10 juillet.
Des procès-verbaux sont dressés à ceux qui s'approchent de la grotte. Des pétitions contre les autorités circulent alors dans Lourdes où, selon René Laurentin, « on s'honore d'un procès-verbal comme d'un diplôme de confesseur de la foi ». Dans ce contexte, Bernadette incite à ne pas braver l'autorité et à faire preuve de patience. Sur les conseils de Pouget, le président du tribunal de Lourdes, celles qui avaient été condamnées à Lourdes pour s'être rendues à la grotte font appel à Pau. Elles sont acquittées le 15 juillet. Dans l'esprit des Lourdais, le préfet avait perdu son procès.
Le 16 juillet, Bernadette qui ne voulait pas avoir de permission à demander, ni enfreindre une interdiction quelle qu'elle soit, se sentait néanmoins attirée d'aller prier à la grotte. Sans en parler au reste de sa famille, elle convient avec sa tante, Lucile Casteriot, d'enfiler une pèlerine sous laquelle elle se cache, puis avec deux autres congréganistes, elles vont dans le pré de Ribière, en face de la grotte, de l'autre côté du Gave. D'autres Lourdais avaient pris l'habitude de venir prier en ce lieu d'où l'on voit très bien la grotte et qui n'était soumis à aucune interdiction. Elles se mettent à genoux pour dire le chapelet. Bernadette dira qu'elle a été comme transportée vers la grotte, « sans plus de distance qu'autrefois », et qu'elle ne voyait que la sainte Vierge. Celles qui l'accompagnent lui demandent : « Que t'a-t-elle dit ? » - « Rien » répond Bernadette.
Cette apparition est passée totalement inaperçue à Lourdes. Selon Ruth Harris, « l'éloignement de Bernadette lors de cette dernière rencontre préfigure sa marginalisation croissante. Sa mission était achevée et la direction du sanctuaire passa très vite dans des mains plus orthodoxes ».

Après le 11 avril 1858 - Épidémie de visionnaires

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Après le 11 avril 1858 - Épidémie de visionnaires
Bernadette ne donne pas satisfaction à une attente de merveilleux grandissante. Elle répond de façon laconique et continue de décevoir ceux qui, parmi les fervents des apparitions, voudraient des miracles et des signes, comme ceux qui attendaient de Bernadette une attitude qui, selon leurs vues, par sa piété, sa délicatesse ou son élégance, conviendrait à celle à qui la Reine des cieux daignerait se montrer.
Le 11 avril, quatre jours après la précédente apparition, cinq femmes prises dans l’effervescence qui saisissait nombre de personnes à Lourdes, se rendent à la grotte. Cette grotte comporte trois cavités : celle du bas, la plus large, là où coule la source ; celle du haut, visible aussi de l'extérieur, dans laquelle se tient l'apparition et qui communique avec la cavité inférieure, et enfin, une troisième cavité qui s'enfonce dans le rocher depuis un boyau étroit qui s'ouvre à trois mètres du sol, au fond de la cavité principale. Cette cavité possède une stalactite qui a approximativement les proportions d'une personne debout. Étant parvenues à se glisser dans cette cavité, les femmes y voient la lumière de leur cierge vaciller sur la stalactite et reviennent profondément bouleversées à Lourdes raconter leur apparition. Commence alors une « épidémie de visionnaires », durant laquelle des jeunes filles de Lourdes se tenaient en extase un chapelet dans les mains. Jean-Baptiste Estrade déclarait de l'extase de Joséphine Albarino : « Ceux qui n'y croient pas sont de la canaille ».
La multiplication du nombre de visionnaires à Lourdes donne du repos à la famille Soubirous chez laquelle les visiteurs se font plus rares. Pendant ce temps Bernadette est malade et alitée. Profitant de ce calme, quelques religieux dont le frère Léonard, directeur de l'école, viennent recueillir ses propos pour établir des récits suivis et détaillés des faits et de ses déclarations.
Le 4 mai, le préfet se rend à Lourdes. Durant cette visite, le commissaire Jacomet fait retirer de la grotte les objets religieux tandis que le préfet déclare dans son discours que : « Toute personne qui se dit visionnaire sera immédiatement arrêtée et conduite à l'hospice de Lourdes. » Cette menace est la réaction officielle à l'épidémie de visionnaires, mais elle pourrait aussi atteindre Bernadette dans la mesure où il suffirait qu'on lui demande si elle a vu pour obtenir d'elle la déclaration qui permettrait de la faire interner.
C'est probablement sur les conseils du président du tribunal, M. Pouget, que Bernadette est mise à l'abri en étant envoyée se reposer aux bains de Cauterets à partir du 8 mai. Le préfet n'est informé de ce départ que le 15 mai. Il ordonne immédiatement à la police locale de la surveiller et de le tenir informé. Dans son rapport le commissaire de Cauterets écrit : « Plusieurs personnes l'ont questionnée sur ses prétendues visions. Elle persiste dans son premier dire. Plusieurs malades s'y sont adressés ; mais elle s'est bornée à leur répondre que, s'ils croyaient en Dieu, ils obtiendraient leur guérison ; elle a toujours refusé toute rétribution ».
Lorsqu'elle revient à Lourdes, le 22 mai, Bernadette redevient le centre de l'attention et des conversations. Le commissaire Jacomet qui en informe le préfet note cependant aussi dans son rapport : « Pas de trouble. Pas de désordre à constater ». Bernadette poursuit sa préparation à la première communion en essayant de mémoriser le catéchisme questions-réponses tel qu'il s'enseignait à l'époque. L'abbé Peyramale qui avait interdit à Bernadette de retourner à la grotte note avec satisfaction la réponse qu'elle fait devant lui lorsqu'une dame de la paroisse lui demande ce qu'elle ferait si la sainte Vierge lui ordonnait d'aller à la grotte : « Je viendrais demander la permission à Monsieur le curé. »
Lorsque, le 3 juin, Bernadette fait sa première communion dans la chapelle de l'hospice, elle est très observée par les fervents des apparitions. Dans « Le Rosier de Marie » publié la semaine suivante, des admirateurs s'épanchent sur leur adulation : « Il fallait la voir, Monsieur l'abbé ! C'est un ange du ciel. Je la vois tous les jours et je n'en suis pas satisfait, car je voudrais sans cesse l'étreindre dans mes bras, elle aussi est une petite rose mystique qui nous enivre de ses parfums d'innocence et de candeur ».

7 avril 1858 : 17ème apparition de la Vierge à Bernadette

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7 avril 1858 : 17ème apparition de la Vierge à Bernadette

Le miracle du cierge.

Au début d'avril, après un temps où les Soubirous se sont faits aussi discrets que possible, des bruits commencent à courir selon lesquels Bernadette se rendra prochainement à la grotte. Le , 300 personnes l'y attendent, mais Bernadette n'y vient pas. Même chose le . Ce jour-là, Bernadette se rend avec sa famille au village d'Adé, à l’invitation de l'ancien Maire, Blaise Verger dit « Blazy », qui s'était senti soulagé de ses rhumatismes par l'eau glaciale de Massabielle. Bernadette désirait se rendre à la grotte mais elle ne pouvait pas échapper à la surveillance dont elle était l'objet à Lourdes. Le fils de Blaise Verger propose alors de l'amener à la grotte depuis Adé le lendemain matin. Le mercredi , Bernadette est agenouillée à Massabielle où une centaine de personnes sont présentes.

Blazy a fourni à Bernadette un gros cierge dont elle pose la base à terre tandis qu'elle joint les mains à son sommet pour en protéger la flamme. Ce cierge sera le centre de toutes les attentions. En cours d'apparition, le docteur Dozous constate que la flamme du cierge lèche sa main sans la brûler. Il se convertira ce jour-là aux apparitions, faisant grand cas et grand bruit de cette affaire de mains et de flamme : « Miracle pour certains, hallucination pour d'autres ou encore phénomène naturel explicable, ce mince évènement devint l'un des aspects les plus contestés des visions. »

L'affaire du cierge a éclipsé toute autre considération sur cette dix-septième apparition. Dans ses témoignages, Bernadette évoque une conversation dont elle ne donne pas la teneur si ce n'est qu'elle répète qu’ « Elle veut toujours sa chapelle. »

27 mars 1858 - Visite médicale de Bernadette

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27 mars 1858 - Visite médicale de Bernadette

Le baron Oscar Massypréfet de Tarbes, est au fait de ce qui se passe à Lourdes depuis le mois de février par les nombreux rapports qu'il reçoit sur le sujet. Il craint que ce « fatras de superstitions » ne déconsidère la « vraie » religion.

Sa première initiative dans cette affaire est de demander à trois médecins d'examiner Bernadette en vue d'établir un certificat pour son internement comme malade mentale. Le 27 mars, les médecins examinent Bernadette, constatent son asthme et cherchent une maladie nerveuse ou psychique pour répondre à la question du préfet : « Cette enfant est-elle sous le coup d'une maladie mentale ? Y a-t-il nécessité de la faire traiter ? »

La réponse sur laquelle les médecins mettront quatre jours à s'accorder est extrêmement embarrassée. Ils y inventent la notion de « maladie » qui « ne peut faire courir aucun risque à la santé. » Et ils estiment qu'il n'est pas indispensable d'envisager de la traiter : « Il est vraisemblable, au contraire, que, lorsque Bernadette ne sera plus harcelée par la foule, qu'on ne lui demandera plus des prières, elle cessera de songer à la grotte et aux choses merveilleuses qu'elle raconte ».

Pour René Laurentin les embarras de la réponse des médecins relèvent de la diplomatie : il s'agit d'une part de ne pas aller contre l'hypothèse du préfet, pour qui Bernadette est indubitablement atteinte d'une maladie mentale, tout en recommandant d'ajourner un internement qui ne se justifiait pas à leurs yeux.

25 mars 1858 : 16ème apparition de la Vierge à Bernadette

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25 mars 1858 : 16ème apparition de la Vierge à Bernadette
Jeudi 25 mars, c'est le jour de l'Annonciation. Le bruit circule que Bernadette se rendra à la grotte à l'occasion de cette fête mariale, ce qui se produit effectivement. Dès cinq heures du matin, alors qu'elle rejoint la grotte avec quelques membres de sa famille, une centaine de personnes et le commissaire Jacomet s'y trouvent déjà. L'apparition dure plus d'une heure. Bernadette, qui était venue avec le cierge de sa tante Lucile, voudrait laisser quelque chose à la grotte. Elle obtient la permission de laisser ce cierge qu'elle cale parmi ceux qui s'y trouvent déjà.
Sur le chemin du retour, elle est pressée de questions et confie que l'apparition lui a dit : « Que soy era Immaculada Councepciou » (« Je suis l'Immaculée Conception »). Les mots « Immaculée Conception » sont ceux par lesquels l'Eglise désigne un dogme marial selon lequel Marie fut conçue exempte de la souillure du péché originel, dogme proclamé quatre ans plus tôt par le pape Pie IX. Mais ces mots ne sauraient désigner une personne : on appelle Marie « Mère immaculée » ou « Vierge immaculée ». Selon René Laurentin28, « la Vierge, par une audacieuse figure de style, se désigne sous le nom abstrait de son premier privilège : Je suis l'Immaculée Conception. »
Bernadette court répéter ces paroles au curé Peyramale, qui, en ce même jour du 25 mars, écrit à l'évêque de Tarbes pour lui annoncer la nouvelle. La lettre du curé à l'évêque a disparu. Le 7 avril, le comte Albert de Rességuier, politicien légitimiste qui s'est intéressé aux stigmatisées du Tyrol, vient à Lourdes et interroge Bernadette. Il en reçoit une excellente impression, dont il fait part à Peyramale, tout en lui faisant remarquer (le 7 ou le 9 avril) que la formule « Je suis l'Immaculée Conception » est anormale. Le 10 avril, Peyramale écrit de nouveau à l'évêque. Il mentionne l'admiration de Rességuier pour Bernadette, mais aussi la difficulté que Rességuier trouve dans les mots que la Vierge aurait prononcés. Peyramale dit à l'évêque qu'il avait lui-même remarqué cette particularité ; il en donne pour preuve le fait que, dans sa lettre du 25 mars, il avait souligné les mots « Je suis l'Immaculée Coception », ce qui, dit-il, avait pour but d'attirer l'attention de l'évêque sur la difficulté présentée par cette expression.
Selon des sources ultérieures, Peyramale, le 25 mars, se montre incrédule devant les propos de Bernadette : « Tu mens, cette dame n'a pas pu te dire cela ». Il enjoint à Bernadette de rentrer chez elle et annonce qu'il la verra plus tard.
Le soir, Bernadette va chez Jean-Baptiste Estrade, à qui elle décrit la scène : l'apparition lui a souri et Bernadette lui a demandé par quatre fois : « Mademoiselle, voulez-vous avoir la bonté de me dire qui vous êtes s'il vous plaît ? ». Bernadette mime ensuite l'apparition qui étend ses mains vers le sol, les lève pour les rejoindre sur la poitrine, tourne son regard vers le ciel et dit « Je suis l'Immaculée conception. » Estrade est très ému, et il explique à Bernadette que ces mots s'appliquent à la Vierge Marie.

18 mars 1858 : interrogatoire de Bernadette

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18 mars 1858 : interrogatoire de Bernadette
L'avocat Romain Capdevielle, rédacteur au Mémorial des Pyrénées et fiancé de Marie Dufo, une lourdaise fervente admiratrice de Bernadette, publie les 9 et  deux articles par lesquels il fait l'éloge de la voyante de Lourdes qui reste, selon lui, « toujours aussi simple et aussi naïve qu’auparavant. » Ces articles relancent la ferveur populaire. Les cierges se font plus nombreux à la grotte, on y laisse des dons, on boit l'eau de la source, une Vierge de plâtre est déposée dans la cavité où apparaissait Aqueró. La grotte est devenue un lieu de culte illicite.
Le procureur Vital Dutour s'inquiète aussi de ce que désormais, des notables de Lourdes font preuve d'un intérêt pour Bernadette qui peut aller jusqu'à la ferveur. Dans un rapport du , il note ainsi à propos de M. Dufo, bâtonnier des avocats et conseiller municipal : « Il lui baise la main et l'appelle la sainte. » Le procureur semble surtout avoir été gêné par l'attitude de M. Pougat, le président du tribunal. C'est la personne la plus haut-placée dans la petite administration judiciaire de Lourdes, et il a commencé à donner des conseils à la famille Soubirous pour faire face aux menaces judiciaires que continuait d'agiter le procureur à leur encontre. Le procureur ne s'autorise pas à le dénoncer autrement qu'à mots couverts.
C'est dans ce contexte que, le , Bernadette est convoquée pour un nouvel interrogatoire devant un aréopage qui rassemble le procureur, le commissaire, le maire et le secrétaire de Mairie. Les articles de Romain Capdevielle servent de base à l'interrogatoire et Bernadette en confirme les affirmations :  « Cela » lui a demandé de faire bâtir une chapelle et lui a confié des secrets. La rumeur et la curiosité enfle au sujet de ces secrets et Bernadette indique : « Cela m'a défendu de les révéler à qui que ce soit. Cependant je puis dire qu'ils n'ont rien de terrible et qu'ils ne regardent que moi.
» On lui pose des questions sur les guérisons. Elle déclare : « Je ne crois pas avoir guéri qui que ce soit, et je n'ai du reste rien fait pour cela. » Viennent ensuite les habituelles questions concernant le physique de l'apparition : sa taille, son âge, son allure, sa position, avait-elle des souliers, etc.
Concernant les demandes faites aux prêtres pour la procession et la chapelle, Jacomet, qui a remplacé le secrétaire de Mairie à l'écritoire au cours de l'interrogatoire, note une réponse incertaine : « Je ne sais pas si c'est une procession ou une chapelle, je n'en suis pas sûre. Monsieur le curé me dit qu'on ne pourrait rien faire jusqu'à ce qu'il y ait une remarque quelconque, que la Vierge, par exemple, fît fleurir le rosier qui est devant la grotte. »
Les interrogatoires ayant eu lieu durant la quinzaine des apparitions débouchaient sur l'injonction faite à Bernadette de ne plus se rendre à la grotte. La question n'est plus vraiment à l'ordre du jour dans la mesure où Bernadette n'y va plus. Jacomet note cette réponse prudente : « Je ne sais pas si je reviendrai davantage à la grotte. »
Cet interrogatoire s'est déroulé de façon très conciliante. Le procureur Dutour semble être rassuré et se croit autorisé à écrire au procureur général : « Elle a promis de ne plus y reparaître [à la grotte] et de ne plus prêter à l'abus que la crédulité et la mauvaise foi font de ses actions et de sa personne. »
Cette remarque du procureur, même si elle force le trait par rapport aux déclarations de Bernadette, témoigne de ce que sa sincérité n'est plus guère remise en cause. À défaut d'être convaincus de la réalité des apparitions, les interlocuteurs de Bernadette se persuadent qu'elle croit sincèrement avoir vu et entendu quelque chose. Cette enquête établit aussi que les Soubirous ne tirent aucun profit de la ferveur populaire.

4 mars 1858 : 15ème apparition de la Vierge à Bernadette

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La famille Soubirous bascule dans la misère. Durant l’hiver 1857, François, le père, est confronté au chômage et la famille est obligée de s’installer au Cachot, l’ancienne prison jusqu’en 1824, une pièce unique, sombre et froide de 16m² où logera l’ensemble de la famille jusqu’à l’automne 1858.

La famille Soubirous bascule dans la misère. Durant l’hiver 1857, François, le père, est confronté au chômage et la famille est obligée de s’installer au Cachot, l’ancienne prison jusqu’en 1824, une pièce unique, sombre et froide de 16m² où logera l’ensemble de la famille jusqu’à l’automne 1858.

Jeudi , c'est jour de marché. Environ 8 000 personnes sont présentes devant la grotte. L'attente du public qui s'est amassé durant la nuit sur le site est grande car c'est le dernier jour de la quinzaine. Les spéculations vont bon train sur les miracles ou phénomènes extraordinaires auxquels la foule pourrait assister. À la grotte les gens se sont entassés d'une façon indescriptible, accrochés aux rochers ou entassés sur les rives. Un service d'ordre a été organisé. Tarbes a construit une sorte de passerelle pour faciliter l'accès, tandis que le Commissaire assisté d'un gendarme fait passer Bernadette au travers de la foule. La vision est silencieuse, elle dure trois quarts d'heure.
Dans une ambiance pourtant « incandescente », selon René Laurentin, il ne se passe rien de remarquable, si ce n'est qu'au retour, Bernadette qui reste au centre de toutes les attentions, se montre sensible au sort d'une petite fille que son père a amenée et qui avait interpellé Bernadette à l'aller. Cette petite fille porte un bandeau sur les yeux, elle est presque aveugle et la lumière lui fait mal. Bernadette s'approche, lui prend les mains et l'embrasse. La petite Eugénie (elle porte le prénom de l'impératrice) est touchée, elle rit, Bernadette aussi qui l'embrasse une seconde fois et repart. Eugénie veut alors voir celle qui l'a embrassée. Elle retire son bandeau et, remplie d'enthousiasme, tente d’apercevoir Bernadette. La foule qui est autour se met à crier au miracle. Joyeuse, Eugénie se persuade d'être guérie. Son père y croit aussi et Eugénie est amenée devant le procureur qui restera plus que perplexe. Il faudra plusieurs semaines pour dissiper l'illusion née de ce moment de bonheur, tandis que la petite Eugénie mourra le .
Le reste de la journée, au bourg, Bernadette est harcelée par la foule. Le cachot est pris d'assaut. On veut la toucher, lui faire toucher des objets de piété, lui donner de l'argent — qu'elle refuse. On la prie de guérir des enfants infirmes. Certains coupent subrepticement des fils dans la doublure de sa robe, d'autres réclament d'échanger son chapelet contre le sien.

3 mars 1858 : 14ème apparition de la Vierge à Bernadette

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Le lendemain, mercredi , 3 000 personnes sont là, dans un lieu où il est impossible qu'une telle foule se tienne. Bernadette arrive à sept heures du matin. La vision ne se manifeste pas.
Après l'école, Bernadette revient à la grotte. Cette fois, Aqueró apparaît. Lorsque le soir Bernadette retourne voir le curé, elle lui dit que sa vision réclame toujours une chapelle, mais refuse de donner son nom, se contentant de sourire. L'abbé Peyramale lui dit : « Elle se moque joliment de toi ! Si elle veut la chapelle, qu'elle dise son nom et qu'elle fasse fleurir le rosier de la grotte ! ».
L'affaire préoccupe les autorités. Ce jour-là, le procureur général de Pau la fait remonter jusqu'au garde des Sceaux

2 mars 1858 : 13ème apparition de la Vierge à Bernadette

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L'abbé Peyramale

L'abbé Peyramale

L’abbé Peyramale est un homme réputé pour ses colères sans lendemain. Il est perplexe concernant les apparitions et n'a jamais rencontré Bernadette avant le 2 mars. Il deviendra ouvertement favorable aux apparitions dans les mois qui suivront, mais il est d'autant plus difficile de savoir ce qu'il en pensait en  qu'il a lui-même détruit dans ses notes et ses rapports les critiques qu'il jugera plus tard dépassées. Le fait qui témoigne le plus clairement de ses dispositions est qu'il a fermement interdit aux prêtres, qu'ils soient de Lourdes ou de passage, de se rendre à la grotte pour que ce ne soit pas pris comme un signe d'approbation. Dans le même temps, il constate que, depuis qu'il est question de ces apparitions, les offices connaissent une affluence inhabituelle et beaucoup plus de paroissiens qu'à l'ordinaire viennent se confesser.
Mardi 2 mars 1858, on compte 1 650 personnes lors de l'apparition, la treizième.
Après l'extase, des témoins exaltés par le phénomène demandent à Bernadette : « Qu'est-ce qu'elle t'a dit ? » Elle répond : « D'aller dire aux prêtres qu'on vienne ici en procession. »
Entendant cela, des dévotes courent au presbytère pour porter en premier le message au curé. Elles pensent que la procession doit avoir lieu jeudi, elles imaginent, puisque ce sera le dernier jour des apparitions, que cette procession sera accompagnée d'évènements fantastiques. Les femmes arrivent ainsi tout essoufflées chez le vieux curé pour lui annoncer que la sainte Vierge veut une procession vers la grotte dans deux jours. Le curé se met immédiatement en colère et les chasse sans ménagement.
Pendant ce temps, Bernadette, qui n'ose pas aller directement chez le curé Peyramale, s'est rendue chez l'abbé Pomian qu'elle avait déjà rencontré. Celui-ci lui dit d'aller voir le curé. Bernadette se fait accompagner de ses tantes. Dominique Peyramale, qui vient de tonner contre ses paroissiennes, joue l'entrevue de façon intimidante :
« C'est toi qui vas à la grotte ?
— Oui, monsieur le curé.
— Et tu dis que tu vois la sainte Vierge ?
— Je n'ai pas dit que c'est la sainte Vierge.
— Alors qu'est-ce que c'est que cette dame ?
— Je ne sais pas !
— Ah, tu ne sais pas, menteuse ! Et pourtant le journal l'écrit, et tous ceux que tu fais courir après toi le disent, que c'est la sainte Vierge. Alors, qu'est-ce que tu vois ?
— Quelque chose qui ressemble à une dame.
— Quelque chose !
— Monsieur le curé Aqueró demande qu'on vienne en procession à la grotte.
— Menteuse ! Comment veux-tu que je commande une procession ? C'est monseigneur [l'évêque] qui décide des processions. Si ta vision était quelque chose de bon, elle ne dirait pas de telles bêtises. Et pour quand la veut-elle cette procession ? C'est jeudi que tu as dit. »
Impressionnée l'adolescente s'embrouille, elle dit qu'elle ne sait plus pour quand, et continue de se faire « gronder » par le curé. Celui-ci interpelle les tantes de Bernadette : « C'est malheureux d'avoir une famille comme ça qui met le désordre dans la ville ». « Retirez-vous, mettez-la à l'école et ne la laissez plus aller à la grotte. Que ce soit fini ».
René Laurentin explique que le curé est « secrètement écartelé » entre son intérêt pour les apparitions dont il voit « les bénéfices s'imposer au confessionnal par un afflux de conversions », et a contrario, la presse et la société bourgeoise ironiser sur « cette tocade populaire autour d'une hallucinée ». Tiraillé, il essaie de ne pas prendre parti pour préserver « l'honneur de l'Église ». D'où son attitude brutale vis-à-vis de la jeune voyante24.
Sur le chemin du retour, Bernadette déclare que le plus important n'est pas pour elle que le curé la croie, mais qu'elle ait fait la commission. Puis elle se rappelle qu'elle a oublié la moitié de la demande d’Aqueró : « Construire une chapelle. »
Effrayées par la colère du curé, les tantes refusent de retourner au presbytère et Bernadette a du mal à trouver quelqu'un qui accepte de l'y accompagner. Dominiquette Cazenave lui arrange alors un rendez-vous pour sept heures. Tout le clergé de Lourdes est là, c'est-à-dire le curé, les deux vicaires et Pomian, l'aumônier de l'hospice. Bernadette leur dit qu’Aqueró veut une chapelle à l'endroit de la grotte. Et elle suggère qu'il pourrait même s'agir d'une chapelle « toute petite ». L'ambiance est plus détendue. Il n'est plus question d'une procession pour jeudi, cette procession semblant dépendre de la construction d'une chapelle qui ne se fera pas dans l'immédiat. L'abbé Peyramale dit à Bernadette que la dame doit donner son nom.

1er mars 1858 : 12ème apparition de la Vierge à Bernadette

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1er mars 1858 : 12ème apparition de la Vierge à Bernadette
La première guérison.
La foule arrive dès minuit. 1 500 personnes observent Bernadette, dont, pour la première fois, un prêtre. Il s'agit du jeune abbé Antoine Désirat qui séjournait à Omex et qui passa outre l'interdiction faite aux prêtres par le curé de Lourdes, Peyramale, de se rendre à la grotte.
Ce matin-là, Catherine Latapie, qui a deux doigts de la main droite « pliés et paralysés », les trempe dans l'eau de la source : ils y auraient retrouvé leur mobilité.
Ce sera l'une des « sept guérisons de 1858 » reconnues quatre ans plus tard pour miraculeuses par Bertrand-Sévère Laurence, évêque de Tarbes.

25 février 1858 : 9ème apparition de la Vierge à Bernadette

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25 février 1858 : 9ème apparition de la Vierge à Bernadette
Découverte de la source
Les curieux affluent dès deux heures du matin. Quand Bernadette arrive, trois-cent-cinquante personnes sont présentes.
Dès le début de l'apparition, Bernadette reprend l'exercice de pénitence interrompu la veille et qui consiste à marcher à genoux et à baiser la terre. Elle manifeste une agitation inhabituelle. Elle va vers le Gave, puis se ravise et repart debout vers le fond de la grotte. Elle se courbe pour monter sur le pan incliné jusqu'à atteindre l'endroit où le sol rejoint la voûte. Le sol est très humide, boueux. Elle regarde vers l'apparition, puis se met à creuser. Elle tente à plusieurs reprises de prendre l'eau boueuse qui sort de la source qu'elle était en train de dégager, puis elle parvient à prendre un peu d'eau sale dans sa main et la boit. Elle se lave ensuite le visage avec cette eau sale, puis elle cueille une feuille de dorine (sorte de cresson sauvage) qui poussait là et la mange.
L'apparition est terminée. Bernadette se retourne, la figure barbouillée de limon. Tante Bernarde essaye de nettoyer au plus vite et au mieux le visage de sa filleule, tandis qu'elle sort de la grotte et que le public est désappointé. Jean-Baptiste Estrade qui avait entraîné ses amis en leur parlant de la beauté des extases de Bernadette est consterné. On traite Bernadette de « folle ». Elle dit n'avoir fait tout cela que sur ordre d’Aqueró, « pour les pécheurs ». Au bourg, les esprits forts exultent, les croyants sont déconcertés.
Elle leur dit :
« Aqueró me dit d'aller boire et de me laver à la fontaine. N'en voyant pas, j'allais boire au Gave. Mais elle me fit signe avec le doigt d'aller sous la roche. J'y fus et j'y trouvai un peu d'eau comme de la boue, si peu qu'à peine je pus en prendre au creux de la main. Trois fois, je la jetai tellement elle était sale. À la quatrième fois, je pus.
- Pourquoi t'a-t-elle demandé cela ?
- Elle ne me l'a pas dit.
- Mais que t'a-t-elle dit ?
- « Allez boire à la fontaine et vous y laver »
- Et cette herbe que tu as mangée ?
- Elle me l'a demandé aussi […]
- Mais ce sont les animaux qui mangent l'herbe ».
Pour Yves Chiron (spécialiste de l'histoire de l'Église catholique à l'époque contemporaine), les demandes faites par la Vierge peuvent avoir plusieurs significations :
  • un premier niveau d'interprétation peut considérer qu'il s'est agi là de gestes de mortification demandés à Bernadette « pour la conserver dans l'humilité pour qu'elle ne tire pas gloire des apparitions dont elle était bénéficiaire ».
  • « Boire à la fontaine et vous y laver » est aussi un signe de pénitence et de purification. Signe que des millions de pèlerins accompliront dans le futur à Lourdes (à partir de cette même source qui sera ensuite captée).
  • Manger une herbe amère peut être un rappel des pénitences nécessaires en carême, le 25 février étant le premier jeudi de carême cette année-là. Il y a aussi une connotation biblique avec le rituel juif de la fête de Pessah, la sortie d'Égypte : « Yahvé dit à Moïse : Cette nuit-là, on mangera des herbes amères » (Ex 12,8).

24 février 1858 : 8ème apparition de la Vierge à Bernadette

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24 février 1858 : 8ème apparition de la Vierge à Bernadette

"Pénitence !"

Près de trois cents personnes sont présentes devant la grotte. Durant l'apparition, Bernadette s'approche de la crevasse intérieure qui communique avec la cavité dans laquelle se tient ce qu'elle voit. Elle est en extase et semble converser avec quelqu'un qui se tiendrait dans le creux du rocher sans que personne n'entende un mot. Elle fait des signes d'approbation et de dénégations. Jacquette Pène témoigne : « Les yeux encore mouillés de larmes, elle éclate en rire d'une grande suavité. » Bernadette se prosterne ensuite visage contre terre.

Sa tante Lucile qui se tient à côté d'elle pousse alors un cri et s'effondre. Bernadette s’interrompt et se tourne vers sa tante pour lui dire : « Ma tante, n'aï pa peno. » façon de lui dire que rien ne justifie de se mettre dans un pareil état. L'apparition est terminée. Sur le chemin du retour, elle ose demander à sa tante de ne plus revenir pour les prochaines apparitions.

De retour à Lourdes, elle apprend que l'abbé Pène, un vicaire de la paroisse, veut la rencontrer. Elle lui raconte l'apparition. Aqueró lui aurait dit : « Pénitence ! Priez Dieu pour les pécheurs. Allez baiser la terre en pénitence pour les pécheurs », ce que faisait Bernadette au moment où elle fut interrompue par sa tante. Les témoignages sur la journée du  rapportent aussi le regard de tristesse de Bernadette, elle-même disant que l'apparition avait un visage triste lorsqu'elle demandait de prier pour les pécheurs.

Dans ses réponses aux questions sur les apparitions, il devient clair que, pour Bernadette, il y a des choses qu'elle peut raconter ou répéter, celles qui lui semblent avoir été dites à haute voix pour que tout le monde entende, et d'autres qui lui sont confiées de façon plus intime, de sorte que cela peut rester entre elles deux.

21 février 1858 : 6ème apparition de la Vierge à Bernadette

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21 février 1858 : 6ème apparition de la Vierge à Bernadette
« Aquero »
Pour déjouer les curieux, Bernadette vient encore plus tôt que la veille ; une centaine de personnes sont déjà là. Elles assistent à son extase silencieuse. Les Lourdais sont convaincus désormais que c'est bien la Vierge qui apparaît à Bernadette.
 
L'affaire ayant dès lors à Lourdes un caractère public tel qu'elle ne pouvait plus être ignorée des autorités, le commissaire de police Dominique Jacomet convoque le jour même, l'adolescente pour un interrogatoire.
Interrogeant Bernadette sur la base des rumeurs qui circulaient, le commissaire Jacomet la presse de dire qu'elle a vu la sainte Vierge. Bernadette s'y refuse : elle dit ignorer de qui il s'agit, elle a vu Aqueró, qui a la forme d'une petite fille.
 
Les soupçons du commissaire portent ensuite sur les femmes qui pourraient avoir influencé Bernadette pour accréditer les apparitions comme d'autres avaient discrédité son ami l'abbé Clouchet l'année précédente.
C'est d'abord le rôle de Madame Milhet qui intéresse Jacomet, mais celle-ci est, en quelque sorte revenue « bredouille » des apparitions, n'ayant pas la moindre révélation ou information un peu précise sur la nature des apparitions, bien qu'elle eût disposé sur place de papier et d'encre afin de les consigner si elles avaient été données ou inventées.
 
Jacomet interroge ensuite Bernadette sur les autres femmes de son entourage. Les réponses de Bernadette signalent que sa mère, ses tantes et les sœurs de la Charité considéraient à ce moment qu'elle avait rêvé, qu'il s'agissait d'une illusion. Elles demandaient à Bernadette de ne pas retourner à la grotte, sachant que tout cela attirait beaucoup d'ennuis, mais Bernadette est persuadée d'avoir vu et entendu, et maintient son témoignage.
Le commissaire accuse ensuite Bernadette de mentir. Il tente de la piéger en lui lisant ses déclarations dont il modifie les détails. Celle-ci s'énerve autant que le commissaire :
- « Non, Monsieur […] Vous m'avez tout changé.
- Si ! tu m'as dit cela.
- Non, monsieur !
- Si !
- Non ! »
L'interrogatoire s'éternise et le ton monte. Jacomet insulte Bernadette : « Tu fais courir tout le monde, tu veux devenir une petite Ivrognasse, couquino, putarotto… », rapporte Pierre Callet, le garde champêtre, qui se tient derrière la porte tandis que le commissaire menace Bernadette de prison.
 
Pendant ce temps une petite manifestation s'est formée devant la salle de police. Le commissaire, comme la foule, savent que cet interrogatoire ne respecte pas la forme légale dans la mesure où, pour une mineure, il ne peut avoir lieu sans la présence du père. Celui-ci ayant été alerté, se rend au commissariat.
Jacomet, qui l'avait arrêté l'année précédente à cause du vol de farine au moulin Dozou, dont il était faussement accusé, le fait entrer. Il lui affirme que Bernadette lui a avoué que ses parents l'obligeaient à aller à la grotte et à raconter ces histoires, ce contre quoi Bernadette proteste immédiatement.
Ayant vainement tenté de faire promettre à Bernadette qu'elle n'irait plus à la grotte, il obtient de son père qu'il interdise à sa fille de s'y rendre. François Soubirous déclare qu'il ne demande pas mieux étant fatigué de cette affaire.

20 février 1858 : 5ème apparition de la Vierge à Bernadette

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20 février 1858 : 5ème apparition de la Vierge à Bernadette
La grande tristesse.
Aux curieux qui accompagnent Bernadette à Massabielle, se mêlent cette fois des Enfants de Marie Immaculée (association fondée en 1837 par les Filles de la charité et les Lazaristes, qui rassemble des adolescentes du milieu populaire pour former une élite de piété).
Une trentaine de personnes sont présentes lors de cette apparition. La Dame est brève et silencieuse comme la veille. Elle apprend une prière personnelle à Bernadette.
A la fin de la vision, une grande tristesse envahit Bernadette.

19 février 1858 : 4ème apparition de la Vierge à Bernadette

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4ème apparition de la Vierge. Bernadette vient ainsi à la grotte avec un cierge bénit et allumé

4ème apparition de la Vierge. Bernadette vient ainsi à la grotte avec un cierge bénit et allumé

Le premier cierge
À la suite de l'apparition du 18 février, Madame Milhet vient trouver Louise Soubirous et lui dit : « Je me charge de votre fille. Je la prends chez moi. » C'est donc de la maison de Madame Milhet que le vendredi 19 février 1858 vers six heures du matin Bernadette part pour ce qui sera la quatrième apparition.
Cependant, la tante Bernarde, marraine de Bernadette, n'entend pas laisser Madame Milhet exercer seule son patronage sur sa filleule. Quelques membres de la famille de Bernadette se joignent donc à l'équipée que Madame Milhet aurait voulu pouvoir garder secrète ou au moins discrète.
Bernadette vient ainsi à la grotte avec un cierge bénit et allumé. C’est de ce geste qu’est née la coutume de porter des cierges et de les allumer devant la Grotte. Elle est accompagnée de sa mère, de sa marraine, de Madame Milhet et de quatre ou cinq autres femmes. Aqueró lui apparaît brièvement et silencieusement. Bernadette, lorsqu'on l'interroge, ne parle toujours que d’Aqueró, d’« uo pétito damizélo »R 10 (« une petite demoiselle »), d'une « fille blanche », d'une « petite fille »L 6

18 février 1858 - 3ème apparition de la Vierge à Bernadette

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Apparition de la Vierge à Bernadette qui dit le chapelet,

Apparition de la Vierge à Bernadette qui dit le chapelet,

Pour la première fois, la Dame parle.
Madame Milhet, Antoinette Peyret et Bernadette partent toutes trois avant l'aube pour échapper aux curieux. Elles ont apporté un cierge, car il fait encore nuit, tandis qu'Antoinette a pris le nécessaire de l'huissier : papier, encre et plume.
À l'approche de la grotte, Bernadette accélère le pas tandis que ces dames en robe à crinoline ont quelques difficultés à descendre le « casse-cou », ce chemin glissant et raviné qui est le seul accès à la grotte si l'on veut y arriver à pied sec.
 
L'apparition commence. Bernadette dit le chapelet, après quoi, Antoinette fournit plume et papier à Bernadette qui, sur l'instance de Madame Milhet, demande à Aqueró : « Boulet aoue era bouentat de mettre voste noum per exriout ? » (« Voulez-vous avoir la bonté de mettre votre nom par écrit ? »
Aqueró rit, et parle pour la première fois : « N'ey pas necessari » (« Ce n'est pas nécessaire.) »
De même que Bernadette est seule à voir Aqueró, elle est seule à l'entendre.
Aqueró demande : « Boulet aoue la gracia de bié aci penden quinze dias ». (« Voulez-vous avoir la grâce de venir ici pendant quinze jours ? »)
Bernadette le promet, et l'apparition lui répond par une autre promesse : « Nous proumeti pas deb hé urousa en este mounde, mès en aoute. » (« Je ne vous promets pas de vous rendre heureuse en ce monde, mais en l'autre ».
 
Bernadette se déclarera touchée par le recours au vouvoiement et les paroles prévenantes de l'objet de sa vision : « Qu'em parlo en patouès et quem dits bous », (« Elle me parle patois et me dit vous »)
 

 

Mercredi des Cendres - 14 février 1858 : 2ème apparition de la Vierge à Bernadette

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Mercredi des Cendres - 14 février 1858 : 2ème apparition de la Vierge à Bernadette
Le mercredi des Cendres est le premier jour du Carême. Vers l'an 591, le pape Grégoire Ier fixe l'entrée en Carême au mercredi précédent le premier dimanche de la saison pascale.
Située 46 jours avant Pâques, le mercredi des Cendres est un jour de pénitence qui ouvre une période d'une durée de 40 jours d'abstinence et de jeûne.
Dans l’Ancien Testament, celui qui se couvrait de cendres reconnaissait son péché, le regrettait et avait confiance dans le pardon de Dieu.
 
Lors de la messe des cendres, le prêtre forme une croix sur le front des chrétiens avec la cendre produite par la combustion des rameaux de l'année précédente. 
L'imposition des cendres rappelle aux croyants leur fragilité d’homme : un jour ils mourront, leur corps se décomposera et deviendra de la poussière, de la cendre. C’est pourquoi parfois le prêtre dit : « Tu es poussière et tu retourneras à la poussière ». (Gn 3, 19.)
La cendre est aussi le fruit du feu, ce feu c’est l’Amour de Dieu qui est si puissant qu’il réduit en cendres notre péché.
En recevant cette cendre sur leur front, les fidèles redisent toute leur foi : oui ils mourront un jour, mais Dieu les ressuscitera avec Jésus-Christ pour la vie éternelle. La cendre annonce déjà Pâques.
 
Le 14 février 1858 est également le jour de la deuxième apparition de la Vierge Marie à Bernadette Soubirous : L'eau bénite
Mercredi des Cendres - 14 février 1858 : 2ème apparition de la Vierge à Bernadette

Ses parents interdisent à Bernadette de retourner à la grotte de Massabielle. Elle insiste, ils cèdent. Bernadette revient à la grotte en compagnie d'une douzaine d'amies de son âgeR 9. Sur place, elle récite le chapeletV 3 et voit apparaître la jeune fille en blanc.

Comme la fois précédente, elle est seule à la voir. Pour s'assurer qu'il ne s'agit pas d'une créature du diable, elle lui lance de l'eau bénite. AqueróN 12 sourit, incline la tête2,R 9.

Bernadette a une extase et ses camarades appellent à l'aide le meunier Nicolas. Celui-ci essaie de porter Bernadette, toujours en extase, jusqu'à son moulin proche, mais il n'y parvient qu'à grand peine. Bernadette sort alors de son extase18.

Fête de ND de Lourdes : Journée Mondiale du Malade

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Pourquoi la Fête de Notre-Dame de Lourdes est-elle la Journée Mondiale du Malade ?

C’est le pape Jean-Paul II qui a souhaité en 1993 instaurer la Journée Mondiale du Malade le jour de la fête de Notre-Dame de Lourdes. Certaines personnes ont tenté de le dissuader de choisir le 11 février : « Dans l’hémisphère nord, il fait trop froid ! Dans l’hémisphère sud, il fait trop chaud ! ».

Mais impossible de le faire renoncer tellement Jean-Paul II avait à l’esprit la place de Lourdes dans le cœur de très nombreux malades ; l’accueil et le service qui leur sont réservés ; le réconfort et la paix que chacun trouve à la Grotte où Marie s’est présentée comme l’Immaculée Conception, c’est-à-dire la concordance parfaite entre le corps et l’âme.

Mais le 11 février est également le jour de la première apparition de la Vierge à Bernadette Soubirous.

Fête de ND de Lourdes : Journée Mondiale du Malade

Le film "Bernadette" de Jean Delannoy

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Le film "Bernadette" de Jean Delannoy
A l'occasion de la fête de l'Immaculée Conception, KTO propose de diffuser ce grand classique du réalisateur français Jean Delannoy.
Il évoque la vie de Bernadette Soubirous, aînée des quatre enfants d'une famille pauvre, qui, à l'âge de quatorze ans, vit apparaître, dans la grotte de Massabielle, la Vierge Marie ou, selon ses propres termes, "une dame habillée de blanc, plus que belle".
Très vite la nouvelle se répand à Lourdes et dans les environs jusqu'à Paris. Alors qu'une partie de la population, plutôt humble et pauvre, est encline à croire Bernadette, une autre partie de la population, bourgeois, membre du clergé et représentant de l'ordre, est plus prudente sinon hostile.
C'était il y a 160 ans.

8 décembre : fête de l'Immaculée Conception

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8 décembre : fête de l'Immaculée Conception

Grâce au lien suivant, vous pouvez accéder au programme des célébrations du sanctuaire de Lourdes du 7 au 10 décembre 2023.

Le voyage des reliques de Sainte Bernadette

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Le voyage des reliques de Sainte Bernadette
Le voyage des reliques de Sainte Bernadette
Le voyage des reliques de Sainte Bernadette
Le voyage des reliques de Sainte Bernadette

La vénération des reliques de saints est une tradition depuis le Moyen Âge, explique Pauline Broqué, responsable du développement aux sanctuaires de Lourdes. L’exemplarité d’un saint, sa vie, est quelque chose d’accessible pour un chrétien.

Le corps de Bernadette SOUBIROUS est exhumé le 18 avril 1925, quarante-six ans après son décès, afin de prélever des reliques.

Le 14 juin 1925, Pie XI proclame Bernadette SOUBIROUS « Bienheureuse ». Son corps est alors transféré dans sa châsse actuelle à Nevers le 18 juillet 1925. Le 8 décembre 1933, le Pape Pie XI canonise Sainte Bernadette, fêtée dans l’Église de France, le 18 février.

Deux reliquaires, un grand et un plus petit cruciforme :

  • La relique qui se trouve dans le grand reliquaire est une relique dite ex-carne, c’est-à-dire des morceaux de chair de Bernadette Soubirous, qui a été exhumé le 18 avril 1925, quarante-six ans après son décès. Deux côtes lui ont été enlevées, ainsi que les rotules, beaucoup de cheveux, et divers fragments de muscles et de peau.
  • Un plus petit reliquaire cruciforme est également du voyage, ainsi qu'un tableau de Sainte-Bernadette.

La conservation et l’attribution de ces reliques sont confiées à la congrégation des Sœurs de la Charité de Nevers, sous la vigilance de l’Evêque de Nevers.

Les reliques qui se trouvent dans le reliquaire qui part en pérégrination en France et à l’étranger, sont remises à la congrégation des Missionnaires de l’Immaculée Conception (Pères de Garaison), fondée en 1836. A partir de 1866, c’est cette congrégation qui dirige le sanctuaire de Lourdes, à la demande de Monseigneur Laurence, évêque de Tarbes.

En 2018, le Très Révérend Père Horacio BRITO, Supérieur Général des Missionnaires de l’Immaculée Conception confie ces reliques au Sanctuaire de Lourdes. Elles se trouvent désormais dans le reliquaire fabriqué en Espagne par les ateliers Granda. Ce reliquaire a été solennellement inauguré à Lourdes le 30 mai 2019.

Le reliquaire de Bernadette exprime le message de Lourdes pour les malades physiques et spirituels. La vénération des reliques de sainte Bernadette est une manière de rendre grâce pour sa vie. Nous ne sommes pas contemporains de Bernadette, mais son âme étant au Ciel, la grâce qu’elle a reçue dans sa vie est toujours là, disponible pour nous. L’amitié que nous avons pour les saints en général hâte le moment où nous pourrons les rencontrer au Ciel et les embrasser dans l’unité du Corps du Christ.

Les reliques de Sainte Bernadette parcourent le monde depuis 2017 ; elles sont allées en Allemagne, en Italie, en Espagne puis en France à Toulouse, Nanterre, Paris, Versailles, Blois, Cambrai, Strasbourg, Troyes, Valence, Saint-Etienne, Lisieux, Angers, Chartres, Tours… et ont continué leur périple par les Etats-Unis et maintenant le Royaume-Unis.

Cliquez sur les liens ci-dessous pour suivre le voyage du reliquaire.

Le livret des reliques du diocèse du Mans

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