16 juillet 1858 - 18ème et dernière apparition de la Vierge à Bernadette
Lorsque le préfet Oscar Massy avait fait enlever les objets de culte de la grotte, il agissait au motif que leur présence relevait de l'établissement illégal d'un lieu de culte. Le commissaire Jacomet se rendait depuis régulièrement à la grotte pour y ramasser les images, les cierges et les chapelets y revenant sans cesse. Le 7 juin, un ordre de la préfecture parvient à la Mairie de Lourdes : il faut interdire l'accès à la grotte. Le Maire exécute cet ordre en rédigeant un arrêté prescrivant la fermeture de la grotte. Le 15 juin des barrières sont installées devant la grotte. Ceux qui avaient été réquisitionnés par le commissaire pour les installer retournent de nuit à Massabielle pour jeter poutres et planches dans le Gave. Reconstruite le 28 juin, cette barrière est à nouveau démolie dans la nuit du 4 au 5 juillet puis rétablie le 10 juillet.
Des procès-verbaux sont dressés à ceux qui s'approchent de la grotte. Des pétitions contre les autorités circulent alors dans Lourdes où, selon René Laurentin, « on s'honore d'un procès-verbal comme d'un diplôme de confesseur de la foi ». Dans ce contexte, Bernadette incite à ne pas braver l'autorité et à faire preuve de patience. Sur les conseils de Pouget, le président du tribunal de Lourdes, celles qui avaient été condamnées à Lourdes pour s'être rendues à la grotte font appel à Pau. Elles sont acquittées le 15 juillet. Dans l'esprit des Lourdais, le préfet avait perdu son procès.
Le 16 juillet, Bernadette qui ne voulait pas avoir de permission à demander, ni enfreindre une interdiction quelle qu'elle soit, se sentait néanmoins attirée d'aller prier à la grotte. Sans en parler au reste de sa famille, elle convient avec sa tante, Lucile Casteriot, d'enfiler une pèlerine sous laquelle elle se cache, puis avec deux autres congréganistes, elles vont dans le pré de Ribière, en face de la grotte, de l'autre côté du Gave. D'autres Lourdais avaient pris l'habitude de venir prier en ce lieu d'où l'on voit très bien la grotte et qui n'était soumis à aucune interdiction. Elles se mettent à genoux pour dire le chapelet. Bernadette dira qu'elle a été comme transportée vers la grotte, « sans plus de distance qu'autrefois », et qu'elle ne voyait que la sainte Vierge. Celles qui l'accompagnent lui demandent : « Que t'a-t-elle dit ? » - « Rien » répond Bernadette.
Cette apparition est passée totalement inaperçue à Lourdes. Selon Ruth Harris, « l'éloignement de Bernadette lors de cette dernière rencontre préfigure sa marginalisation croissante. Sa mission était achevée et la direction du sanctuaire passa très vite dans des mains plus orthodoxes ».