1er dimanche de Carême

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La première tentation du Christ – « Le diable lui dit alors : “ Si tu es Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain.” Jésus répondit : “ Il est écrit : L’homme ne vit pas seulement de pain.” » [Évangile selon saint Luc 4, 3-4↗︎]

La première tentation du Christ – « Le diable lui dit alors : “ Si tu es Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain.” Jésus répondit : “ Il est écrit : L’homme ne vit pas seulement de pain.” » [Évangile selon saint Luc 4, 3-4↗︎]

Même Jésus, au fil des jours, peut être tenté. Le Fils de Dieu, sur la terre des hommes, est soumis aux lois de la tentation – il y est même « poussé par l’Esprit ». Impensable ? Impossible ? Non, Jésus de Nazareth n’est pas resté « cloîtré » dans un paradis lointain. Il nous est décrit tenté comme tout homme, un homme comme nous, avec ses désirs et ses rêves, ses hésitations et ses fantasmes aux multiples facettes. Notre Dieu est aussi un homme, né comme nous d’une femme au terme d’une longue lignée et dont tous les ascendants n’ont pas toujours mené une vie exemplaire. Il est issu comme nous d’hommes et de femmes chahutés et tentés par la vie, blessés, découragés, perdus souvent…
Mais la tentation n’est pas le péché. Être tenté, ce n’est pas pécher. Nous pouvons être victorieux de la tentation et en finir alors avec le péché ! « Ne nous laisse pas entrer en tentation », disons-nous dans la prière du Notre Père, mais faisons appel à notre foi et à notre conscience pour ne pas « tomber » dans le péché. On dit que Jésus a épousé la totalité de la nature humaine, il n’a jamais « fait semblant » ; dans sa lettre aux Philippiens (2, 6-11), Paul l’annonce avec force : « Devenant semblable aux hommes il s’est comporté comme un homme. » On connaît les trois tentations de la part du Malin qu’il a subies au cours des quarante jours dans le désert – c’est-à-dire le temps nécessaire pour entendre la volonté de Dieu et s’imprégner de ses paroles. Quarante jours et quarante nuits deviennent ainsi symboliquement le temps pour une véritable rencontre avec Dieu.
Le carême des chrétiens s’enracine là. Le temps venu, Jésus rejettera les ruses tentatrices de Satan, celui dont la mission est de « faire tomber » : « Les anges te porteront sur les mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. » (Ps 90, 12.) Au moment de la mort adviendra l’ultime tentation de perdre confiance dans le Père : « Allant un peu plus loin, il tomba face contre terre en priant, et il disait : Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! Cependant, non pas comme moi, je veux, mais comme toi, tu veux. » (Mt 26, 39.) Et, sur la croix : « Jésus s’écria d’une voix forte : “Eloï, Eloï, lama sabachthani ?”, ce qui signifie : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mc 15, 34.)
Jésus, dans sa présence humaine, montre à chacun quelle est sa destinée personnelle : « Dieu s’est fait homme afin que l’homme devienne Dieu. » (Saint Irénée.) Laissons-nous tenter par Dieu et sa parole, et rejetons paisiblement les fourberies de Satan, tandis que nous avançons jour après jour vers Pâques.
Bernard Rivière